Discours du Commissaire Thierry Breton à l'occasion d'une discussion du Conseil « Compétitivité » sur la manière de renforcer la compétitivité de l'Europe grâce à l'espace

Discours du Commissaire Thierry Breton au Conseil « Compétitivité » sur l'espace

Monsieur le Président, cher Thomas,

Madame la Présidente de l'ESA, chère Anna (Christmann),

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

La compétitivité du secteur spatial européen est un ciment de la coopération entre l'Union et l'ESA, dont nous célébrons le 20ème anniversaire de l'accord cadre. Je suis très heureux que notre 11ème Conseil Espace mette à l'honneur ce thème essentiel du renforcement de la compétitivité par la politique spatiale.

Tout d'abord, permettez-moi de faire l'écho à la fois des conclusions du Conseil et de la Résolution de l'ESA, fraichement adoptées, pour souligner l'importance stratégique de l'espace et son rôle clé pour la prospérité et la compétitivité européenne.

La mise en œuvre de notre programme spatial a non seulement renforcé les avancées technologiques de l'UE, mais a également permis aux entreprises européennes de se positionner en tant que fleurons du secteur spatial mondial.

Parallèlement à Galileo, EGNOS et Copernicus, le développement de nouvelles constellations de satellites telles qu'IRIS² aura un effet d'entraînement sur les opérateurs de services de lancement, les opérateurs de réseaux de satellites, ainsi que tout un écosystème économique et multisectoriel, notamment au regard des applications spatiales.

En tant qu'Européens, nous pouvons en être fiers. L'industrie spatiale de l'UE est très compétitive et contribue de manière positive à la balance commerciale européenne.

Elle vend des systèmes satellitaires, des services de lancement, des équipements et des sous-systèmes dans le monde entier. Elle excelle dans les technologies de pointe, stimulant l'innovation dans des domaines tels que les systèmes de propulsion, les matériaux et la communication par satellite.

En outre, les satellites de haute qualité produits par nos entreprises renforcent la position de l'UE sur le marché mondial des satellites.

Cependant, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers.

En effet, nous devons reconnaître les défis auxquels notre industrie spatiale européenne est confrontée aujourd'hui, et comprendre la fragilité des vecteurs du maintien de sa compétitivité dans le long terme.

Ces défis comprennent les limites des investissements publics et privés dans l'Union européenne, nos dépendances à l'égard de chaînes d'approvisionnement non européennes, le manque de capacités de fabrication pour augmenter rapidement la production en cas de besoin, et la fermeture de nombreux marchés spatiaux mondiaux.

[le défis du financement]

Je souhaiterais aujourd'hui insister d'abord sur l'insuffisance des financements, qui est un problème majeur. À commencer par la sphère publique. En 2023, l'Europe disposait d'un budget spatial public beaucoup plus faible que ses compétiteurs, les États-Unis en tête. C'est une difficulté structurelle sur laquelle nous devons nous pencher.

En outre, l'insuffisance des financements privés contraint souvent nos entreprises à rechercher des opportunités de croissance en dehors de l'UE. Cela risque non seulement d'entraîner une perte de capacité à innover, mais aussi de priver notre continent d'une expertise précieuse.

Par conséquent, j'estime qu'il est essentiel de garantir un budget suffisant pour le futur programme spatial de l'UE afin d'assurer le déploiement et la mise à jour des systèmes spatiaux de pointe pour Galileo/EGNOS, Copernicus, Space Situational Awareness et IRIS2, mais surtout de développer une vision spatiale européenne ambitieuse forte de nouveaux grands projets – faits, pourquoi pas, de nouvelles grandes infrastructures voire même d'exploration.

Nous devons également changer notre façon de faire, en renforçant notre rôle de clients d'ancrage et en facilitant l'accès des entreprises du secteur du New Space aux marchés publics. Nos nouvelles entreprises spatiales ont avant tout besoin de contrats.

Nous avons entamé ce processus dans le domaine de l'observation de la Terre avec les missions contributrices de Copernicus, dans le domaine de l'accès à l'espace avec l'initiative « Flight ticket », et nous continuerons dans le domaine du Space Situational Awareness et des télécommunications par satellite avec IRIS.

Enfin, notre initiative CASSINI commence à avoir un impact important. À ce jour, 13 fonds de capitaux-risque ont reçu des financement de CASSINI, ce qui nous permettra d'investir dans environ 150 à 200 entreprises au cours des cinq prochaines années.

Mais nous devons faire plus pour couvrir les besoins d'investissement prévus de 10 milliards d'euros pour les entreprises spatiales basées en Europe au cours des sept prochaines années.

[le défi des dépendances]

Le deuxième défi sur lequel je souhaiterais m'attarder aujourd'hui est notre dépendance à l'égard de pays tiers, qui représente un risque important pour notre industrie spatiale et notre compétitivité à long terme.

J'ai pu l'exprimer à plusieurs reprises ces dernières années : je regrette que l'UE soit devenue dépendante, même temporairement, des services de lancement étrangers pour la mise en orbite de ses satellites.

L'accès européen autonome à l'espace est essentiel pour les besoins institutionnels et commerciaux de l'UE.

C'est crucial aussi pour la compétitivité à long terme de l'économie de l'UE – et c'est pourquoi je regrette que cette question n'ait pas été abordée dans le texte des conclusions, c'est une occasion manquée.

Nous sommes évidemment impatients de voler avec Ariane 6 et Vega C. Mais nous devons également soutenir de nouvelles solutions compétitives, disponibles et durables, ainsi qu'une offre solide de services de lancement dans l'Union européenne, répondant aux besoins de l'ensemble du secteur spatial.

À cette fin, l'approche européenne de l'accès à l'espace doit être davantage axée sur les services, en renforçant à la fois la concurrence et la préférence européenne.

Au cours de la dernière décennie, environ 20 % des satellites institutionnels européens (en particulier nationaux) ont été lancés par des fournisseurs de services de lancement non européens.

Comme j'ai déjà pu le dire à Seville, nous devons changer de paradigme. La Commission y travaille pour ouvrir la voie à une nouvelle composante du programme spatial de l'UE dans le prochain cadre financier pluriannuel.

En ce qui concerne les dépendances à l'égard d'entités et de chaînes d'approvisionnement non européennes, telles que les technologies, les composants, les matériaux ou les systèmes critiques pour l'espace, la Commission a mis en place un observatoire européen des technologies critiques qui assure un suivi systématique des chaînes de valeur de l'UE dans le domaine de l'espace et de la défense. Les technologies spatiales font d'ailleurs partie des 10 technologies que nous suivrons dans le cadre de notre travail sur la sécurité économique.

Enfin, le troisième défi auquel l'Espace européen doit faire face, c'est celui de l'intrication des enjeux spatiaux avec ceux de la défense.

C'est une évidence au sein de la plupart des États Membres. Au niveau européen, c'est une évolution en cours. Une prise de conscience. Mais nous devons accelerer ce changement de paradigme. Car oui, l'espace est par définition dual.

C'est acté avec IRIS, c'est acté avec Galileo. Il devra en être de même avec Copernicus et je crois énormément au besoin de créer un programme européen de surveillance spatial, une sorte de Space Domain Awareness system.

En effet, nous ne pouvons dépendre uniquement de nos alliés pour avoir la pleine connaissance de ce qui se passe en orbite. L'Europe est équipée en terme technologique, industriel et programmatique pour jouer un rôle pertinent en la matière. D'ailleurs, nous investissons de l'argent du Fonds Européen de Défense dans des capacités spatiales, par exemple dans un système d'alerte avancée – OdinEye qui à terme pourra participer à un bouclier anti aérien européen.

Donc oui, compétitivité et résilience, ou compétitivité et souveraineté vont de pair, dans l'espace plus qu'ailleurs.

[Conclusion]

Mesdames et Messieurs les ministres,

Voici ce que je souhaitais dire en introduction de ce débat important.

Nous devons travailler sans relâche pour libérer tout le potentiel du secteur spatial de l'Europe et contribuer à notre prospérité et notre compétitivité.

Vous pouvez compter sur moi.

Je vous remercie de votre attention.


Zařazenočt 23.05.2024 17:05:00
ZdrojEvropská komise fr
Originálec.europa.eu/commission/presscorner/api/documents?reference=SPEECH/24/2808&language=fr
langfr
guid/SPEECH/24/2808/

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